Haïti : le Conseil présidentiel de Transition face à l’immensité de la tâche

Depuis son installation à la suite de l’accord politique du 3 avril 2024, signé sous l’égide de la CARICOM, le Conseil présidentiel de Transition (CPT) s’efforce de remettre Haïti sur la voie de la stabilité institutionnelle et démocratique. Dans un contexte national marqué par la violence armée, l’effondrement des institutions et une crise humanitaire aiguë, le CPT tente de répondre à sa mission aux multiples fronts: restaurer la sécurité, relancer la justice, engager la réforme constitutionnelle, organiser les élections, et répondre à l’urgence sociale.
Dès sa création, le CPT a dû affronter une situation sécuritaire hors de contrôle. L’expansion des groupes armés à Port-au-Prince et dans plusieurs grandes villes a compromis toute tentative immédiate de normalisation. Dans ce climat de terreur, le Conseil a travaillé, malgré les limites de l’État, à poser les jalons d’une réponse coordonnée avec ses partenaires régionaux et internationaux. Si les résultats se font attendre, les bases d’un retour progressif à l’ordre public sont en cours de construction.
Sur le plan judiciaire, le Conseil s’est engagé à remettre en marche une institution paralysée par des années de désinvestissement et de dysfonctionnement. Il appuie les efforts en faveur d’une justice plus accessible et indépendante, pierre angulaire, à toute reconstruction politique durable.
Concernant la tenue des élections, le Conseil reste fidèle à son mandat de conduire le pays vers une transition démocratique. Si les conditions de sécurité ne permettent pas encore de fixer une date définitive, les préparatifs avancent avec prudence. Le défi est de taille, celui de garantir un processus crédible, inclusif et techniquement maîtrisé, dans un pays où le dernier scrutin remonte à plusieurs années.
La révision constitutionnelle, autre pilier de la transition, a connu une avancée importante avec la présentation d’un projet de nouvelle Constitution en mai 2025. Le Conseil prévoit d’élargir le débat autour de cette réforme, en concertation avec les forces vives de la nation, avant toute validation populaire.
Sur le terrain de la gouvernance, malgré les tensions internes et les critiques, le CPT a mis en place un exécutif et tente de concilier les divergences pour avancer. Les multiples positions au sein du Conseil reflète la complexité du compromis politique qui a permis son existence. Cette diversité, loin d’être un frein, est aussi un signe d’une volonté de rupture avec les pratiques autoritaires du passé.
Enfin, face à la détresse humanitaire croissante, le CPT s’efforce de coordonner l’action de l’État avec celle des ONG et des agences internationales. Bien que les ressources soient limitées et les obstacles immenses, les autorités de transition restent mobilisées pour répondre aux besoins les plus urgents, notamment dans les zones les plus vulnérables.