Et si je comprenais l’importance de ma culture ?
On parle de plus en plus de déculturation dans la société haïtienne, à travers le délaissement persistant perçu dans la perte de l’identité culturelle.
La coutume fait croire que l’accrochement à la culture haïtienne renvoie implicitement à l’embrasement sine qua non aux pratiques malsaines du vaudou, pratiques souvent mal vue en fonction du nombre de dommage causé au sein de la nation. Nombre de ces dommages causés sont pour la plupart engendrés moralement par une mystification lointaine, crédulité par nombreuses histoires et contes. Ce qui nous induit à reprendre vivement les mots de Reynolds Eustache : « Le vodou est noble, mais l’ivraie lui fait porter une réputation qui ne correspond nullement à ce qu’il est supposé être réellement.»[1]
Mais, est-ce que la culture haïtienne se résume réellement à cela?
Une culture est un assemblage de traits distinctifs. Le vodou à lui seul ne peut être caractéristique de la culture haïtienne. l’UNESCO définit la culture dans son sens large, comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Donc, tout ce qui peut décrire le comportement d’une personne appartenant à un milieu social, est considéré comme culturel.
On peut toutefois la décrire de diverses manières. On peut dire qu’elle est comme un vaste musée imaginaire que l’on doit protéger ensemble, vu qu’elle est commune à un groupe d’individus. On peut dire également qu’elle est une richesse, l’identité de la République, une analyse vaste des différences de l’autre tout en mettant l’accent sur les points de ressemblance. Elle a le don de façonner l’individu, le sensibiliser. La culture est surtout ce que l’on possède quand il ne nous reste plus rien.[2]
En aucun cas, il n’est recommandé de prendre plaisir à justifier la culture à travers l’économie. Oui, elle est économique. Mais elle est surtout attractive, elle met en valeur un territoire, créer du tourisme, car au final ce n’est pas le nombre de dollar dépensé qui fera le bonheur, mais les avoirs d’une nation, ce qui la définit.
Dans le cas d’Haïti, c’est de voir l’inimaginable dans la façon de vivre des habitants. De voir le bonheur sur leur visage malgré la résignation face à cette misère longtemps ancrée en eux. C’est de voir leur facilité à accepter que le bonheur c’est le konbit dans une localité, les danses survenues après des histoires mythiques. C’est d’être façonné par l’odeur du bon pain et du café le matin, du tom-tom à Saint-Louis du Nord, du café frais à Marre Rouge, dans le Nord-ouest, de la terre noire et de l’eau chaude à Source Chaude dans la 2e section de la commune d’Anse-Rouge. C’est les ragots concernant la nourriture aux Gonaïves, ou le fait qu’il y a une zone bien spécifique où réside le plus de malveillants.
La culture haïtienne jouit d’une bonne image et d’une réputation forte à travers le monde grâce aux œuvres d’arts plastiques, au fer découpé, à la littérature et au mystère qui entoure la religion vodou. Ses sites touristiques, sa culture et son artisanat font d’elle une destination intéressante qui reste à exploiter.
La culture est ce qui te passe par la tête quand quelqu’un te dit: Je suis de nationalité haïtienne.
Christnoude BEAUPLAN
[1] Le vodou et La Résistance Ayisyèn Permanente, De la Période Coloniale à nos jours, Tome 2, Souvenance Mystique, La société la Belle Étoile, juillet 2022, C3 Édition, Port-au-Prince Haïti.
[2] Romanic Daurier, «Anecdote, distinction dans les villes».