BERNARD LACOMBE, LE VIOLETTE ET MELCHIE DUMORNAY

Le décès et les funérailles de Bernard Lacombe, les 17 et 25 juin en cours, n’ont pas laissé indifférents les fans de football haïtiens et, plus particulièrement, les violettistes. Car, à l’initiative de Jacques Deschamps Fils, l’ancien buteur, entraîneur et dirigeant de l’Olympique Lyonnais était à la tête de son équipe au stade Sylvio Cator, le 15 mai 2000, pour un match d’exibition avec le Violette, à l’occasion du 82e anniversaire de celui-ci.
Après le match, les journalistes sportifs de Port-au-Prince s’agglutinaient autour de lui à la salle de conférence du stade Sylvio Cator, le cuisinant longuement, comme si ses réponses pouvaient avoir la vertu de faire monter en grade le football national. Fatigué comme un bœuf de trait, de même que son équipe, après un voyage harassant depuis les Antilles Françaises, Lacombe ne laissa pourtant transpirer aucun signe d’agacement. À mon micro, je m’en souviens, le ton posé, il avait commencé par présenter ses excuses au Violette et au public pour le retard qui avait causé la réduction du temps de jeu à 60 minutes. C’est que l’affrontement avait débuté après 5:00 h de l’après-midi alors qu’il était programmé à 4: 00 h du fait de la défectuosité de l’éclairage de Sylvio Cator à l’époque. L’arbitre interrompit la partie dès que la brume du soir commença à draper le stade.
Le Violette, présidé alors par Jean Yonel Trécyl et entraîné par Georges Dieujuste, avait battu Lyon par 2 buts à 1, œuvres de Louis Germain et Wedner Dorcé « Pelé » du côté haïtien et de Sonny Anderson du côté français. C’était l’équipe des Nixon Donis, Varnel Victor, Jimmy Jabouin, Roody Cajuste, Pierre Sala, Yvens Pompilus, Harold Princilien « Lalas », Gary Beauvil, Ronald Beauplan, Webens Prinsimé « Itala », Jean Roland Dartiguenave, Rams Lespinasse « ti Bob »… Du côté de Lyon, Sonny Anderson était la tête d’affiche. Venaient ensuite Grégory Coupet, qui a joué milieu de terrain ce jour-là, Tony Vairelles, Pierre Laigle, Jérémie Bréchet, Jacek Bak (Pologne), Philippe Violeau, Steed Malbranque, Alain Caviglia, Sydney Govou et les autres.
Nous étions donc au 15 mai 2000 en football masculin. Même Antoine nan Gomye n’aurait pas pu prévoir que ce Bernard Lacombe allait devenir dirigeant d’une footballeuse haïtienne nommée Melchie « Corventina » Dumornay qui naquit trois ans et trois mois après ce « petit » événement au stade Sylvio Cator.
Que Bernard Lacombe, dans tous ses périples, n’ait pas eu le souvenir de son très court passage en Haïti et qu’il n’en eût point parlé avec Mademoiselle Dumornay, nous ne lui en voulons guère. On n’est pas toujours maître de sa mémoire. Si un jour, le meilleur footballeur haïtien, les deux sexes confondus, nous révèle au contraire que Monsieur Lacombe lui avait fait cette confidence, nous jouirons de l’anecdote comme nous jouissons de celles superstitieuses qui ont jalonné la carrière du Lyonnais.
Allez en paix, Monsieur Lacombe.
Par Patrice Dumont